Ce dimanche-là, Mathéo avait décidé de se lever tranquillement assez tard. Pour une fois, il voulait profiter du temps qu’il avait pour dormir. Il était donc allongé sur son lit les yeux fermés, sa respiration était calme. Il semblait être paisible dans ses rêves et ses songes. Il se réveilla en douceur grâce à la lumière du soleil qui pénétrait dans sa chambre. Quelques personnes étaient déjà partis tandis que d’autres avaient encore le sommeil profond. Le jeune homme passa par la salle de bain un bon moment et quand il fut prêt, il sortit du dortoir. On était dimanche et avec un peu de chance, il pourrait voir Amber qui avait un cours aujourd’hui à Poudlard.

C’était tellement bien de l’avoir retrouver. Sincèrement ça faisait un bien fou. Le problème était surement qu’il ne la voyait pas assez souvent à son goût. Mais ça il ne pouvait rien y faire. Sa vie était maintenant tellement différente du moment où ils s’étaient rencontrés. Maintenant elle avait une vie dans le Monde Moldu et ne voulait visiblement être de retour dans le monde magique. C’était un choix que Mathéo respectait sans pour autant approuver ou comprendre. Non car lui contrairement à elle n’avait jamais aimé les Moldus, parce lui contrairement à elle n’était pas prêt à tout pour sa famille, et parce que lui ne pouvait se résigner à quitter le monde auquel il appartenait. Il avait attendu tellement de temps pour enfin qu’on se soucie de lui. Il avait trouvé quelque chose qui l’intéressait. Et Mathéo ne pourrait quitter ce monde pour rien au monde. Tout était une question de point de vue et de personnalité. Alors oui, il trouvait le geste d’Amber pour sa sœur beau, mais lui-même ne ferrait jamais ça tout simplement.

Mathéo décida de descendre déjeuner. Il était Midi et demi et il avait bien faim. Dans la Grande Salle, il retrouva des Serpentard de son dortoir. Il décida donc de s’installer avec eux pour rire un peu en cette journée agréable. Le rire était d’actualité à leur table et ça faisait du bien. Rire avait quelque chose de léger et permettait vraiment de se détendre. Tout le monde était tranquille, tout le monde rigolait. Ce serait surement une bonne journée.

Mathéo vit des oiseaux en papiers entrer dans la Grande Salle. C’était marrant. Il y en avait plein, cela était harmonieux, comme un mini-spectacle. Le jeune homme en attrapa un au vol et le déplia pour voir ce qu’il y avait dedans. « Nous sommes prêts. » Mathéo rigola tranquillement. Ah les gens n’avaient que ça à faire d’écrire des bêtises sur des petits bouts de papier. Le jeune homme se contenta de le chiffonner et continua de manger son dessert. Le repas touchait à sa fin et les gens commençaient petit à petit à sortir. Ayant finit son dessert, il décida de quitter à son tour la Grande Salle.

A peine était-il dans le couloir qu’il remarqua un amas de gens dedans. Mathéo ne comprenait pas pourquoi ils créaient un bouchon au rez-de chaussée. Encore si on était en semaine et que ça puisse les amener à être en retard, pourquoi pas. Mais là, c’était dimanche et cela n’avait strictement aucun intérêt, excepté empiéter sur le temps libre des gens. Le jeune homme n’avait pas vraiment de patience là, il voulait simplement essayer de retrouver Amber pour passer au moins un petit moment en sa compagnie avant qu’elle ne retourne chez les débiles de Moldus.

– Bon vous allez bouger votre cul.

Lança Mathéo d’une voix forte. Ils n’allaient quand même pas rester pointer là toute la journée. Mais une voix derrière le jeune homme, lui conseilla d’aller voir plus prés ce pan de mur qui intéressait tout le monde. Ce type attisa sa curiosité. Qui avait-il sur ce mur pour que tout le monde soit rassemblé devant avec une mine d’enterrement. Le jeune homme s’avança donc et se fit une place devant. Il releva la tête vers le mur et ce qu’il vit le glaça. Des mots y étaient écrits avec ce qui ressemblait être du sang. Le jeune homme ne s’était jamais senti mal comme ça avant. C’était pire que de la peur, mais il n’aurait su comment expliquer ce qu’il ressentait à ce moment-là.

« Les impurs ainsi que les traîtres à leur sang seront les prochains »
Cette phrase était aussi glaçante que la manière dont elle avait été écrite. Etait-ce un signe ? Un signe du Monde Magique extérieur pour les prévenir que quelque chose se tramer. En tout cas, ce n’était pas anodin. Celui qui avait fait ça était le pire des imbéciles et il ne s’en tirerait pas comme ça. Mathéo se chargerait d’exécuter sa sentence. Il voulait bien rire. Il était le premier à le faire et à se mettre dans des situations complètement folles. Mais ce qu’il faisait lui ne faisait de mal à personne. Là c’était complètement différent. Celui qui avait fait ça était en train de jouer avec la peur des gens. C’était tellement, tellement … Il n’y avait pas de mots pour expliquer cela.

– Celui qui a fait ça n’a pas intérêt à se faire remarquer. Un seul faux pas et je le manquerais pas.

Lança t-il. Les choses étaient dites. Découvrir qui l’avait fait au sein de Poudlard serait sans doute complexe. C’était surement quelqu’un d’intelligent et il ne se ferait pas remarquer. Mathéo était vraiment dégouté parce que pouvait être les gens. Il y avait tellement de monde à Poudlard, et de possible suspect de ce fait. Et si c’était finalement quelqu’un de son entourage ? Etait-ce quelqu’un qu’il côtoyait, ou l’un de ses amis. Finalement à qui pouvons-nous vraiment faire confiance. Connait-on vraiment les gens qui nous entourant ? Et si le danger était plus proche qu’on ne le croyait.

Sous son capuchon, le professeur Scamander était quand même reconnaissable à mille lieues... En effet, il était maintenant très normal de le retrouver trempé de boue - ou d'autres liquides visqueux plus ou moins odorants - de la tête au pied. Et après sa dure matinée passée à rempoter les Bulbes sauteurs de la troisième serre, il n'avait qu'une envie : manger son habituelle glace aux fraises.
Il traversa le Hall du château en véritable androïde, sans même prêter attention au capharnaüm du lieu, et rentra dans la grande salle par l'entrée des élèves - difficile de s'habituer à celle des profs (en réalité, personne ne l'avait encore prévenu d'un tel accès...).

Mais voilà, alors qu'il venait d'apercevoir le Graal des coupes de glace à la fraise, surmontée d'un coulis de jus de citrouille aussi frais que le derrière d'un Inferi, une élève de sa Maison était accourue devant lui, lui barrant foncièrement le couloir que formaient les deux tables longilignes.

- Monsieur, monsieur ! Venez voir !

Elle disparut derrière une des deux grandes portes restée fermée, et le professeur de botanique jeta un dernier regard, piteux, au dessert reporté. Lorsqu'il se faufila parmi tous ses élèves, jusqu'à ce qu'il put apercevoir ce qu'ils fixaient avec des yeux de Strangulot.

- Il faut appeler un professeur, lâcha-t-il finalement, sous la stupéfaction - et l'exaspération - de ceux qui avait pu l'entendre.

Lorcan Scamander était visiblement très perturbé par cette inscription, au point d'en oublier son statut... En fait, selon lui, seul le directeur de Poudlard était capable de gérer de telle chose. Il avait dit ceci soudainement, derrière l'épaule d'Amber... L'avait-il fait exprès ?

C'est seulement à midi et demi que Tony se réveilla, les yeux grands ouverts, la mine décomposée. Il venait d'échapper à son chat, Grizzli, qui avait subit un amplificatum monstrueux et était devenu une sorte de chatigre géant avec une gueule immense et des crocs acérés. Des gouttes de sueur perlaient encore sur son front et il se releva, assis sur son lit. Et quand il vit ledit Grizzli, allongé au pied de son lit, le Gryffondor bondit littéralement de sa paillasse, pas du tout préparé à se battre contre son animal domestique une seconde fois.

- Vilain chat ! pesta-t-il, pas tout à fait remit de ses émotions, en l'observant d'un air mauvais et pas effrayé du tout, non.

Devon n'avait même pas eu la gentillesse de la réveiller à temps pour le déjeuner. Quel boulet, lui aussi. La prochaine fois, il n'ordonnerait pas à son chat de recracher la boule sur pattes qui faisait office de rat à son camarade de chambre, tant pis pour lui.

Il enfila en hâte un pantalon et un sweet, ne prit même pas la peine de se laver mais fit tout de même attention à sa coupe de cheveux et fila en direction de la grande salle : hors de question de louper le déjeuner.

Installé à sa table respective et alors qu'il mangeait pour quatre, une bonne centaine d'oiseaux en papier entrèrent dans la grande salle et défilèrent comme si un spectacle allait débuter. Il s'en prit un en plein sur l'arrière du crâne et jura juste avant de l'attraper : "Nous sommes prêts." Euh, ouais de quoi ça s'agissait, au juste ?

- Et la trempe que j'vais vous mettre, elle est prête aussi ? grommela-t-il dans sa barbe.

Comment osait-ils interrompre son repas ? Ciel, il fallait vraiment être ignorants pour faire ce genre de choses. Et c'était bien l'un des rare truc qui le mettait de mauvais poil : ne pas pouvoir manger - ou finir de manger - tranquillou.

Le déjeuner touchait à sa fin et se marqua par les élèves qui sortirent en hâte de la grande salle. Sauf qu'une sorte d'embouteillages grandissant se fit d'on-ne-savait-où et quelques élèves comme Tony restait bloqué entre la grande salle et les couloirs. D'abord le déjeuner et voilà qu'on lui faisait perdre de longues minutes de son dimanche, maintenant ! Par chance, il réussit à s'imposer et ouvrit un passage qui le mena tout droit vers la cause de tout ce remue ménage.

Lorsqu'Anthony découvrit le message sur le mur, il déglutit bruyamment. "Les sangs impurs et les traîtres à leur sang", disaient-ils. Devait-il se sentir concerné..? En tant que sang-mêlé, probablement pas... si ? Quoique. Rah, une belle question à laquelle il ne pouvait répondre, hélas. Mais était-ce vraiment le moment de ne penser qu'à sa belle gueule ? Oui, pour sûr, selon lui.
Mais en fait, il ne préferait simplement pas se mettre à la place des né-moldus qui devaient pisser dans leur froc à l'heure qu'il était.

- Celui qui a fait ça n'a pas intérêt à se faire remarquer. Un seul faux pas et je le manquerais pas.

Oui, Moreno, oui. Monsieur s'improvisait défenseur de la bonne cause, maintenant ? Tony souffla pour relâcher un peu la pression et se passa une main sur le visage, quelque peu nerveux par la situation qui s'annonçait. Mais le Serpentard avait relevé un point important : qui était l'auteur de ce message ? Ce pouvait être un élève ? Un professeur ? ...

- Si c'est vraiment sérieux... Qu'adviendra-t-il de nous, maintenant ?

Il reconnut Amber, une ancienne élève de sa maison qui était d'ailleurs censé être partie depuis l'année dernière. Lui demander pourquoi elle était là à nouveau lui brûlait les lèvres mais ce n'était probablement pas le moment de poser des questions futiles, si ?

- Aucune idée, mais rien de bon, à mon avis..., murmura le garçon.
- Il faut appeler un professeur.

Le Gryffondor se tourna en direction de celui qu'il pensait être un élève et qui se révelait en fait lui-même un professeur. Scamander venait de se trahir tout seul, le pauvre. Si lui même n'était pas persuadé de ses fonctions, qui le serait ? Et il venait de perdre en crédibilité, si c'était encore possible.

Quoiqu'il en soit, il se remit à sa contemplation et relu pour la enième fois le mot affiché en rouge sang sur le mur d'en face.
Peu importe qui avait fait ça, quelque chose lui disait que cette histoire ne faisait que commencer et ferait encore beaucoup de bruit...

Léna était devant le mur, lisant et relisant sans cesse les quelques mots dessus. Elle était arrivée dans les premières, étant elle-même arrivé en retard au déjeuner et était tombé sur ces mots. Ils avaient vraiment quelque chose d’effrayant. Surement parce qu’ils avaient été écrit avec du sang. A qui était ce sang ? Quelqu’un avait du faire don ou sacrifice de son sang pour ce mot écrit dans le couloir du rez-de-chaussée. Comment avait-on pu écrire au sang sur un mur d’un couloir fréquemment emprunté sans que personne ne s’en rende compte, sans qu’il n’y ait de soupçons. Léna ne comprenait pas tout ça. La foule grandissait au fur et à mesure que les gens avaient finis de prendre leur repas. Ils venaient tous voir ce qui intéressait tellement dans ce couloir.

« Les impurs ainsi que les traitres à leur sang seront les prochains. »
Que signifiait vraiment cette phrase. Ils n’avaient pas utilisé « les sang-de-bourbes » comme terme mais avaient qualifié le sang d’impur. Cela voulait-il dire qu’il n’y avait pas que les né-moldu qui devaient s’inquiéter ? Les Sangs-mêlés étaient-ils eux aussi menacés ? Ce mot laissé planer de nombreuses inquiétudes. Cela aurait pu être une blague et Léna aurait pu la considérer comme telle. Mais non, elle ne le pensait pas. Qui aurait pu penser de lui-même à faire une blague aussi déplaisante. Aussi terrifiante. Peut-être que tout le monde allait sans doute dire une fois de plus que la Gryffondor voyait le mal partout et surtout qu’elle voyait les Mangemorts partout. Mais non, c’était son instinct qui parlait maintenant. Et peut-être que parfois elle se trompait mais quand don instinct lui avait dit que Mogg était un Mangemort, elle avait eu raison. Alors suivre son instinct dans ce cas là, n’était pas dangereux. Dans cette situation là, elle n’avait rien à faire.

– Celui qui a fait ça n’a pas intérêt à se faire remarquer. Un seul faux pas et je ne le manquerais pas.

Les paroles de Mathéo avaient relevés quelque chose d’important qui avait finalement échappé à Léna au début. Les Mangemorts n’avaient pas pu faire ça d’eux même. Il y avait quelqu’un à Poudlard en espion. Il y avait un traître parmi les gens autour d’eux, parmi les gens qu’ils côtoyaient tous les jours. Léna ne mit pas longtemps à porter ses soupçons sur quelqu’un … Lucifer Mogg. A peine était-il revenu que les problèmes avec les Mangemorts recommençaient. Et puis tout le monde savait qu’il en avait été un. Et Léna ne voyait pas pourquoi du fait qu’il était mort puis ressuscité, il avait pu changer. C’était lui et la jeune fille en était totalement convaincue.


*T’as toujours eu une dent contre ce pauvre type.*

Amber n’avait pas l’air rassuré dans ses paroles, et Lorcan qui était lui-même professeur semblait avoir oublié son statut. Il avait l’air vraiment désemparé et ne semblait savoir que faire dans une situation comme celle-ci. Même Zimmou avait l’air inquiet. Cela confortait Léna dans son idée que ce n’était pas une blague. Et que c’était sans doute Lucifer Mogg le coupable. D’ailleurs celui-ci avait-il assisté au repas ?

Mais Ruth coupa Léna de ses pensées en beuglant à tout le monde de dégager le chemin. Elle commençait à imposer sa loi et par la même occasion se foutre un peu des gens qui observaient avec intérêt le mot sur le mur.

– Ceci n’est qu’une vaste plaisanterie de mauvais goût, alors, maintenant tout le monde va voir ailleurs s’il y est, ok ?

Bon Léna avait pris la mauvaise habitude depuis le début d’année à croire que les règles et les ordres de Ruth ne s’appliquaient pas à elle. Elle écoutait sa meilleure amie en tant que capitaine des Gryffondor mais jamais elle n’accepterait vraiment de se faire commander ou remonter les bretelles par Ruth. Leur amitié ne pourrait pas marché sinon. Bref, la jeune fille se dirigea donc vers sa meilleure amie pour dissiper ses interrogations.

– Tu crois vraiment que c’est une blague ? C’est écrit avec du sang.

Murmura-t-elle. Tandis qu’elle voyait Alice Von Gotha arriver sur les lieux. Cette fille ne l’avait pas manqué. Après tout peut-être qu’elle venait vérifier l’ampleur qu’avait eu sur les élèves le mot de son mec.

- Vous n'êtes qu'un incapable ! gueula une voix plutôt remontée, suivie de près par le bruit d'une déflagration.

- Professeur Mogg ! tempéra Hewlett tout en remettant en place ses précieux bouquins, à l'aide de sa propre baguette. Je vous assure que nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour le localiser. Devant la mine déconcertée du Maître des Potions, Frank jugea bon de préciser : Nous avons un contact sur place.

- Mort, bien entendu ! Il s'était calmé, si.

*Oh, ça vous plairait.*

- Nous le saurions, essaya-t-il de se persuader.

- Aucune activité recensée depuis l'Attaque du Ministère ?! Ils font profil bas... Ou se préparent à -

Le directeur l'empoignait.

- Vous avez peur de lui, Mogg.

Effectivement, sa main tremblait sous leurs yeux fixes. Hewlett pouvait percevoir sous la carapace un étrange assentiment, qu'il destinait sûrement à Sheffield, ou à lui. Il le lâcha, et ils se lorgnèrent un moment.

- Je n'aurais jamais dû lui accorder ma confiance, si c'est ce que vous voulez entendre. Nous avons été abusés tous les deux, c'est d'ailleurs pour cette raison que vous avez retrouvé votre poste... Il faut me pardonner, maintenant, et croire aux personnes qui croient en vous.

Lucifer Mogg lui lança immédiatement un regard de travers, et le silence d'Hewlett provoqua son départ... suivi de près par l'entrée du jeune botaniste Scamander - qui se frottait douloureusement l'épaule, encore un peu étourdi.

- Je... Je l'ai fâché ?

Un discret sourire suffit à rassurer Lorcan, qui s'approcha du bureau où son supérieur siégeait.

- Vous auriez pu rentrer plus tôt, ça m'aurait évité cet échange assez désagréable.

Le professeur de Botanique - il avait encore du mal à s'y habituer - ne lui demanda pas comment il avait pu remarquer sa présence à travers la porte... Mais, après tout, un enfant comme Lorcan n'espionnait pas, il patientait.

- J'ai oublié ce que je voulais vous dire... Pourtant c'était plutôt important, je crois, annonça-t-il finalement en esquivant un geste pour suivre son collègue.

Frank haussa les épaules, habitué, mais le professeur Mogg venait de refaire surface dans le grand bureau - en percutant une nouvelle fois le frisé.

- Hewlett, vous devriez voir ça, dit-il avec un sourire insolent, qui attisait fortement sa curiosité - et il en avait conscience.

Le directeur, suivi de près par les deux professeurs - dont un littéralement fasciné par l'autre, blasé - descendit les marches du grand hall dans un silence impérial, ce qui était en soi assez inhabituel un dimanche midi.

- Croyez-moi, ce n'est pas mon oeuvre, lança le Maître des Potions, toujours avec ce sourire qui devenait effroyablement indécent
au fur et à mesure que les mots défilaient sous ses yeux.

Il n'avait même pas remarqué que tout le monde s'était écarté pour le laisser examiner l'inscription. Il ne s'en approcha pas, pourtant. Une inscription infâme, qui n'était à l'évidence pas dissimulée, réalisée à une heure de grande fréquentation.

- Ah mais voilà ! C'est de ça que je voulais parler Monsieur ! se réjouit une voix derrière son dos. Une voix qui s'éteignait...

Frank n'avait plus la force de demander des informations... Ses yeux disparaissaient en fentes, son front suintait sous le feu de la torche qui illuminait la mise en garde. Une de ses nouvelles crises paranoïaques était imminente, et ce visage impitoyable lui revenait en flashs.

*Il ne peut pas être ici... Il ne peut pas être ici... pas... ici...*

Sa baguette magique, où était-elle, bon sang ? Pourquoi ce satané Mogg ne lui avait pas dit de l'emporter avec lui ? Pourquoi personne ne paniquait à part lui ? Ils étaient tous dans le coup... Tous complices de ce monstre. S'ils savaient... S'ils avaient vu ce qu'il avait vu ce jour-là, au Ministère... Marina, il avait besoin d'elle. Non, elle n'était plus là. Et il pouvait être le prochain, cette idée le fit prendre sa tête entre ses mains, dans son grand désespoir.

- On doit interroger les élèves, se dit-il à lui-même. Trouvez le professeur Spudding et le professeur White !

Et Mogg qui se délectait un peu trop de ce moment...

- Une blague idiote, tout au plus, dit celui-ci en vrillant des yeux sévères destinés à la petite Alice. Un regard trop insistant pour être anodin.

- Vous, dans mon bureau, ordonna-t-il en pointant du doigt la Serpentard.

Oui, depuis l'épisode du Ministère, il avait développé une certaine forme de paranoïa... Que même un médicomage sur-qualifié comme lui ne pouvait déceler. En tout cas, le sourire de Mogg s'était effacé subitement, et Frank se surprit à apprécier ce moment - un peu trop. Ce n'était pas dans son habitude d'accuser sans preuve, ni de rabaisser un élève, même Alice... Mais il n'était plus l'homme qui se faisait marcher sur les pieds, il l'avait douloureusement compris.

Athalie n'avait pas remarqué les centaines d'oiseaux en papier volants qui avaient élu domicile dans la grande salle. Elle ne remarqua pas non plus la foule d'élève qui bloquait le passage entre la porte et les couloirs. Et elle ne remarqua pas que Kieran était à ses côtés jusqu'à ce que celui-ci lui murmure tendrement à l'oreille :

- Bonne journée, Thalie.

Elle lui fit un sourire en coin alors que celui-ci s'en allait déjà et qu'elle reprenait peu à peu ses esprits, revenant brusquement à la réalité lorsqu'elle entendit les divers chuchotements, exclamations, voir pleurnicheries et autres, provenant du couloir d'en face.

La Serpentard s'approcha doucement, au même rythme que les autres - voir plus lent encore, embouteillages obligent - et lut attentivement l'inscription à la couleur sombre sur le mur.

*Ah ben zut alors.*

Elle écoutait ce qui se disait à côté, réfléchissant elle-même au message que ce truc voulait faire passer, alors qu'elle croisait les bras sur sa poitrine, sans quitter le mur des yeux, tandis que certains élèves commençaient déjà à s'en aller - probablement pour pleurer ailleurs ou juste donner l'alerte.

- Ça ressemble plus à un vulgaire graffiti qu’à autre chose, pour ne pas dire à un plagiat de l’histoire de la Chambre des Secrets que l’on peut lire dans les Mémoires de Monsieur Potter et dans L’Histoire de Poudlard volume deux.

*Hermione Granger, sors de ce corps.*

Athalie approuvait Alice. Cet avertissement n'avait même pas l'air de lui faire peur, à vrai dire. Alors évidemment, si telle était la vérité, elle aurait dû se sentir un minimum concernée. Etrangement, elle ne l'était pas le moins du monde. Peut-être parce que, d'après elle, il n'y avait aucune preuve concrète à tout cela. Elle ne prit même pas la peine de tourner les yeux vers sa préfète, ni même le reste des élèves, ou n'importe qui d'autres et se contentait de fixer, encore et encore, cette étrange inscription, comme si le mur allait tout balancer et lui souffler l'auteur de ce message pour le moins inattendu.

Le dirlo venait de se ramener, accusant déjà à tord et à travers, l'air - légerement - sur les nerfs, ce qui était finalement et peut-être, normal.