L'émotion l'avait rongé toute la nuit, les larmes de rage et de haine avaient traversé l'oreiller d'Amber dans le silence des dortoirs endormis. Toutes ses camarades avaient dormis profondément, flottant dans leurs escapades rêveuses, tandis que pour la Préfète, le sommeil n'avait point eu raison d'elle. Son cours d'hippogriffe, l'avait poussé à bout. Amber s'était pourtant jurée la veille de ne plus y penser, mais l'affliction était trop dur à contenir. De ce fait elle s'était d'abord retenue de ne pas craquer en cours. C'était la seule chose, la seule partie d'elle, cet instant de faiblesse qu'elle ne voulait absolument pas montrer sous la vue de tous ces élèves qui n'attendaient surement que ça, une chute. Surtout pour quelqu'un ou plutôt à cause d'une personne plus exactement. Ce qui la mettait en proie à une douleur atroce était surtout cette humiliation public. Elle en voulait, oui elle en voulait à cette fille, non pas à Mathéo, ni même à Lizzie, mais c'était à cette McMillan pour qui elle ressentait toute cette rancœur, cette indomptable amertume à laquelle elle ne pouvait se soustraire. Mais intérieurement, la rouge et or s'était promis qu'elle lui ferai payer cet affront.
souvenir de ces choses dont elle n'eut pas envie de se remémorer…

Des voix la sortir de sa courte nuit. Relevant la tête doucement de son oreiller sur lequel elle avait enfoui sa tête, les yeux bouffis et encore humectés par les larmes, le soleil caressant son visage à travers la fenêtre de la pièce, elle se leva péniblement de son lit pour se préparer. Une fois sortie des douches, elle enfila son uniforme passivement, on voyait bien sur son visage qu’elle n’était pas du tout motivée. Ce qui était vraiment rare venant de le Gryffondor. S’avançant lascivement vers sa coiffeuse, Amber remonta ses cheveux d’un geste blasé part une broche nacrée et de boutons de perles rose. Portant son sac en bandoulière sur son épaule, elle sortit des dortoirs pour se rendre à la Grande Salle, priant pour que personne ne la remarque. Heureusement pour elle, le cours avait été suivi en majorité par des Poufsouffle. La seule chose qu’elle redoutait, c’était de devoir se confronter à McMillan, qu’elle n’avait pour le moment aucune envie de voir.

Arrivée devant la Grande Salle, elle resta un moment figé devant la porte, main posé sur la poignée, le cœur battant.

[Oh pitié faites qu’ils ne soient pas là… Qui ça « ils » ? Tu sais très bien de qui je parle !]

Prenant une profonde inspiration, elle entra. Elle fut surprise de voir autant de monde ce matin-là. Ne cherchant pas à faire la conversation pour le moment elle évita plusieurs élèves de son année qui étaient déjà à leur table respective. Elle prit donc soin de mettre une bonne distance entre ses condisciples, puis s’installa posément. Elle se servit ensuite une bonne tasse de café, car elle en avait bien besoin sinon elle ne tiendrai pas la matinée, tout en sirotant sa boisson chaude, la rouge et or aperçut une chevelure blonde juste à côté d’elle, quelque mètre sur le banc les séparait, c’était Léna. Elle était à la recherche de quelqu’un apparemment et semblait particulièrement joyeuse. Elle devait vraiment être heureuse d’être de retour à Poudlard. Amber aussi l’était.

[J’ai besoin de me changer les idées.]

La Préfète appréciait énormément Léna, et elle savait que si elle allait la voir, lui parler lui ferait du bien et lui redonnerait son sourire. Amber se leva alors de sa place, tasse à la main puis se posa à côté d’elle.

- Bonjour Léna, claironna-t-elle un léger sourire aux lèvres.

Rien que la voir lui redonnait déjà le sourire. Léna émanait un tel panache et une telle énergie ces derniers temps, un peu le contraire d’Amber, qui devenait de plus en plus ténébreuse au contraire.
Elle remarqua alors la gazette posé sur la table en face de sa camarade.

- Je peux rester un peu avec toi ? Il y a quelque chose d'intéressant dedans ? demanda-t-elle en posant son regard vers le journal.

[ Tu dégages tellement de bonne humeur Léna et je crois que j’ai cruellement besoin de te parler pour l’être aussi]

Léna eut un léger temps de réaction assez tardif à la dernière question d'Amber. Mais lorsqu'elle vit le journal poser sur la table, elle comprit que la Préfète parlait de lui. Elle se saisit alors de la Gazette et le mit sous les yeux d'Amber.

- Page 5, quatrième colonne ! Un article sur Poudlard … plutôt péjoratif.

Amber lui lança un coup d'oeil perplexe, elle espérait que ce ne soit pas trop grave. Prenant le journal, elle parcourut en vitesse les pages pour arriver à celle que lui avait indiquer son amie. Apparemment rien n'allait plus dans le château, ça n'était pas vraiment impressionant pour la Préfète qui ricana intérieurement, ce début d'article ne lui apprenait rien. Il fallait vraiment être aveugle pour en pas avoir remarquer la disparition de certains professeur. Notamment Sheffield, pensa la jeune fille.

[Et depuis quand le Ministère de la magie se mêle d'aussi près aux affaires de l'école ? N'importe quoi.]

Pendant qu'Amber lisait les dernières lignes, Léna parcourait la salle du regard qui commençait petit à petit à se remplir. Amber posa la revue de presse, Léna lui souriait, Amber le lui rendit aussitôt. Cette dernière allait lancé une petite remarque concernant à l'article quand sa condisciple tourna son regard vers quelqu'un en particulier, curieuse, Amber se retourna également, elles n'étaient pas les seules à regarder dans la même direction, presque toute la salle avait les yeux rivés sur une personne, cette personne. La dernière fille que la Préfète avait envie de croiser, et il fallait que sa matinée soit déjà gâcher rien qu'en voyant son visage.
Tout en elle l'agaçait, l'exaspérait à un point inimaginable. Impossible que son entrée ne soit pas remarqué, à peine avait-elle fait un pas dans la pièce, que déjà les élèves la regardait. Un murmure de contrariété ou admiratif parcourait la salle, suivit d’une tumulte d’ahurissement ou d' ébahissement, cela dépendait des personnes. Elle portait une tenue particulièrement provocante, sous le regard de la foule ébahi. Rien que dans sa démarche aussi, son allure, sa posture, tout reflétait une évidence conscience de son pouvoir de séduction et d'attraction. Pour Amber, c'était bien le genre de spectacle dont elle se serait bien passée. McMillan s'était trompée d'école selon elle, c'était une école de sorcier qu'il lui fallait mais une école de mode où elle pourrait de déhancher à volonté ou encore mieux, pourquoi pas se présenter pour travailler dans une boite de nuit aussi ou boite de strip-tease moldu... Pathétique.

[On peut pas faire mieux pour être remarquer... Tu sais il y a des gens qui ont besoin de faire toute une scène théâtrale pour se faire voir. Heureusement je ne tomberai jamais aussi bas.]

Dans la vie certaines personnes avaient besoin de travailler pour être fier d'elles, d'autres avaient besoin d'être entourés d'amis, famille, il y en a pour qui c'était tout à la fois, et pour McMillan, c'était de jouer les poufs pour être vu de tous. Après tout chacun ses occupations. Si ça l'aidait à vivre et à se sentir bien dans sa peau.
Curieusement et finalement, Amber ne la détestait pas tant que ça, elle la plaignait surtout profondément et ne pouvait s'empêcher d'avoir pitié d'elle. En gros elle avait plus de peine pour cette fille que de la haine.Et peut-être que si au cours, la Serdaigle n'avait pas cherché à la provoquer, elle se serait montrée plus aimable comme à son habitude, mais si il y avait bien une chose dont elle avait horreur, c'est qu'on la cherche sans aucune raison. Surtout qu'il n'y avait aucune raison apparente pour que cette bleu et bronze lui tombe dessus comme ça, elles ne se connaissaient pas à la base. Et la Préfète avait bien vu que McMillan savait pertinemment qu'elle la toucherait immédiatement si elle lui parlait de Mathéo. Mais Amber s'était bien décidée à ne pas entrer dans ce petit jeu sournois, ou alors si la Serdaigle continuait, elle était prête à la remettre bien à sa place en tant voulu.

[Il faut se méfier de l'eau qui dort. McMillan je suis peut-être connue pour être douce et gentille mais je sais aussi me montrer impitoyable si je le veux. ]

En effet, McMillan ne savait pas de quoi Amber était capable, la Serdaigle n'avait peut-être jamais entendu parler de l'incident des escaliers avec son condisciple Durant. De toute façon, ce jour-là la rouge et or était vraiment folle de rage. Et même si elle était assez triste et déçue d'avoir appris que Mathéo était le genre de type qui s'intéresse au physique, elle n'était pas pour autant en colère contre le jeune homme. La seule raison pour laquelle elle était en colère, c'était parce que cette Serdaigle jubilait de l'avoir ainsi humilier ce fameux jour de cours là.
Donc pour l'instant ça allait, tant que la bleu et bronze ne l'approchait pas et ne cherchait pas à l'énerver, cette dernière n'avait rien à craindre. Mais si son but était de s'acharner sur elle, elle le regretterait bien assez tôt.

Apparemment la Serdaigle l'avait aussi remarqué, elle la regardait. Amber haussa un sourcil.

[Elle a vraiment rien à faire ou quoi? Et si tu le lui demandais ? Si elle croit que je vais être jalouse parce que des mecs la regarde en bavant, elle se fourre les doigts dans l'œil bien profond !]

Détournant ensuite son regard, elle but doucement une petite gorgée de son café.

- Mais quelle pouf, celle-là !

La réflexion brutal de Léna lui fit avaler de travers sa boisson. Décidément l'impulsivité de Léna lui avait manqué, Amber ne put s'empêcher de rire discrètement. La Préfète adorait Léna pour cette franchise inébranlable qui lui appartenait et lui allait si bien. Au moins une fille qui n'avait pas peur de dire la vérité.
Et comme le prévoyait Amber, McMillan se retourna, elle avait su tout de suite que cette phrase lui était destinée. Se lavant de sa table, la Serdaigle se dirigea vers les deux jeunes filles.

- Tu as problème, Taylor ?

- Alors on se sent visé McMillan ? claironna Amber en sirotant sa boisson sans pour autant lui adresser un seul regard.

Il y avait des tas de filles déjà dans la Grande Salle, et si la Serdaigle s'était levée c'est parce qu'elle devait vraiment se sentir plus que concerner donc qu'elle approuvait par la même occasion Léna.

Time to wake up. Les yeux clos, tête bien ensevelie sous son oreiller et sa couette qui exhalaient une odeur des plus étrangement suspectes, le jeune homme chercha d'une main fébrile et nerveuse son réveil parmi le bazar de sa table de nuit. Huit heures passé. Suite un à râlement hargneux, il se leva bruyamment en s'étirant de tout son long. Posant ses deux mains sur ses jambes, William observa ses camarades déjà levés de son regard évasif et indéfinissable, marqué par ses épais sourcils froncés.

- Hé regardez, qui a enfin décidé à se réveiller ! S’exclama un jeune Gryffondor qui finissait de se préparer.

- Le vieux ! Bien dormi ?

Trop drôle, ses types ne manquaient pas d’imagination. Seulement quelques années les séparaient et voilà qu’ils lui octroyaient quand même l’abominable surnom affectif de vieux… Il n’avait que dix-neuf. Ça n’était pas comme si il avait trente ans, qu’il avait passé jadis toutes ses années à croupir dans une caverne pour ensuite réapparaitre. William avait seulement perdu deux années de sa vie… Certes deux était un chiffre énorme quand il concernait une vie, mais le Gryffondor avait décidé de se reprendre en main ou presque. Il n’était pas si tard que ça. Et puis comme le disait si bien ce fameux proverbe, valait mieux tard que jamais.
Bien heureusement pour lui, ses camarades l’avaient compris, et ils s’entendaient plutôt bien, si l’on oubliait ce surnom débile et leur humour purement puéril, Will adorait tout de même assez les garçons de son dortoir. Allez ! Ignorant pour le moment ses compères, il se releva de son lit pour rejoindre les douches et se prendre une averse d’eau glacial pour se réveiller. Rien de mieux que le froid. Ca le stimulait et réactivait toutes les parties de son corps encore endormi. Une fois le sang circulant normalement à ses tempes il passa devant un miroir pour se préparer. Enfilage de jean délavé et accessoirement bien troué, tee-shirt à motif imprimé dessus, si vous voulez savoir : l’affiche de l'empire contre-attaque de Star Wars, passage de vieille veste de cuir noir qui avait de l’âge. Allure abusivement déchainée oui, mais c’était le but recherché. Jugeant qu’il était maintenant paré pour aller dans la Grande Salle, il sortit des dortoirs avant les autres, s’étant pourtant réveillé après eux. Bizarre mais bon, peut-être que ces jeunes hommes cherchaient à plaire et donc mettaient plus de temps à s’habiller. Ca n’était pas le problème de William, on venait à lui ou non, qu’importe, il ne voulait pas s’enchainer dans des relations sérieuses donc.

Brouhaha déjà très distinct dans la pièce. Par automatisme, William se gratta inconsciemment au niveau de ses avant-bras. Réflexe courant chez lui, ou plutôt chez la plupart de tous les héroïnomanes. Puis mains dans les poches, le Gryffondor se dirigea à sa table là où se trouvait un groupe de jeunes filles rassemblées. Piqué par la curiosité, il voulait voir de quoi retournait leur discussion car plusieurs visages semblaient se diriger vers elles. S’installant alors non loin de ces ravissantes donzelles, c’est-à-dire juste en face d’elles, donc de l’autre côté de la table, il tendit l’oreille et entama un toast en même temps.

Visionnage du début de la séquence, il commença d’abord par identifier les sujets : Amber (Le nom étant trop long, je me permets de ne pas le mentionner), sa Préfète facilement repérable par son obscur et longue chevelure, Léna Taylor, il ne la connaissait pas vraiment mais il savait que c’était une demoiselle au caractère bien trempé, c’était déjà ça de bon à savoir, ensuite, Ruth Black, meilleure amie de cette dernière et pour finir une Serdaigle, McMillan apparemment dont il avait eu quelques échos plutôt dévalorisant, peut-être dû à son physique avantageux et aux nombres de jalouses qu’elle devait faire.

Identification terminée. Passage à la partie la plus intéressante : le sujet de leur discussion. Ce qui ne fut pas compliqué à trouver, les filles étaient tout bonnement en train de se donner ç une joute verbale comme elles savaient si bien le faire. William se demandait pourquoi elles aimaient tant se chercher pour un rien… Surtout que là le problème était concentré sur un seul mot, encore plus débile que son surnom donné par ses compatriotes de dortoirs. L’élément perturbateur de leur altercation était le minuscule et pourtant si significatif mot : Pouf !
Ah les filles. Un véritable phénomène c’est créatures là, charmantes certes, amusantes, belles enfin ça dépendaient lesquelles, bref. Tant de qualités positives qui leur allaient si bien mais leur seul gros problème incontestable, c’était bien évidement leur sens du compliqué, pourquoi fallait-il toujours qu’elles soient si complexe ? La vie n’était pas déjà assez compliquée comme ça et il fallait qu’elles en rajoutent toujours avec leurs histoires de jalousie maladives, de « mecs » et tout ce qui allait avec.

- Taylor, franchement, tes paroles me font pitié ! Tu te crois supérieur … Ce qui montre finalement que tu es comme moi !

Voilà par quoi venait de se terminer entre autre la séquence. Cool, il était donc temps de mettre un peu plus d’ambiance en intégrant un mâle.

- Relax les filles, la journée a pas encore commencé... déclara William sur un ton solennel en ingurgitant un grand verre de jus de citrouille d’une traite accompagnée d’une petite pilule de prozac qu’il avait bien précieusement gardé dans la poche de son blouson en cuir.

- Toi, je ne t’ai pas parlé à ce que je crois !

[Ah parce qu'on a besoin d'un laisser passer pour prendre la parole maintenant ? Pathétique.]

Donc tu sais quoi, occupe toi de Mathéo, enfin si il veut encore de toi, et laisse moi tranquille !

Soupir. Pourquoi fallait-il qu'elle se ramène à lui ? Cette fille était le désespoir incarné. Décidément son but était bien de toucher la Préfète avec ce sujet. Elle lui parlait de la laisser tranquille... Mais quelle idiote ! Est-ce que McMillan était vraiment une érudit ou non. Si vraiment elle avait un cerveau, elle ne devrait pas oublier que c'était elle la première qui était venue à la rencontre d'Amber. C'est cette bleu et bronze qui aurait du la laisser tranquille depuis le début. Il était donc hors de question pour la Gryffondor de la laisser tranquille tant qu'elle serait sur son chemin.

[Si il veut encore de moi. Parce qu'il a déjà voulu de toi ? Franchement, je me suis jamais posée la question, je crois plutôt que c'était l'inverse après je ne sais pas si c'était pareil pour lui. Et tu le sauras peut-être jamais vu comment il est attardé niveau sentiment.]

Levant son regard vers la Serdaigle, le visage serein et empli d'une profonde pitié pour cette pauvre fille qui ne cherchait qu'à la tourmenter, Amber s'apprêta à lui lancer une réplique mais quelqu'un la devança.

-Ma parole, McMillan, je savais ton égo surdimensionné mais de la à ce prendre pour la seule personne sur terre à qui on pourrait attribuer le magnifique adjectif de "pouf", je dis bravo! Soit tu fais ENFIN preuve d'intelligence, soit tu es plus que égocentrique!

Amber n'eut pas de mal à reconnaitre cette voix. Ruth. Finalement sa journée commençait plutôt bien. Elle faillit rire aux aux éclats à l'entente de la réflexion de sa condisciple tant elle l'avait trouvé amusante et vrai. Amber adorait vraiment Léna et Ruth, il était certain que si elles étaient là, il était impossible de ne pas sourire, même si il y avait une certaine personne pour tenter de gâcher se journée. Ces deux filles ensemble formaient un magnifique duo.

Bien sûr, ça ne fut pas l'avis de miss-je suis-le-centre-du-monde-et-toutes-les-filles-sont-jalouses-de-moi.

- Chérie, s’il te plait, tu te ridiculises ! Etant une Gryffondor, tu ne peux pas parler d’intelligence ! Je doute même que tu en saches la définition !

Bon sang, McMillan était pire que désespérante. Amber ne put s’empêcher de se passer la main dans sa chevelure ténébreuse en poussant un sourd ricanement. Pitié, ça n’était pas parce qu’elles étaient de Gryffondors qu’elles étaient dénuées de cerveau.

La jeune bleu et bronze se retourna un instant, surement pour voir si quelqu’un allait daigner prendre sa défense. Dommage pour elle, les élèves étaient plus intéressés par la participation à leur altercation en restant passif plutôt qu’actif. De toute façon, avec ou sans, elle était parfaitement capable de se débrouiller seule celle-là. Se retournant alors, croisant les bras tout en poussant un tonitruant soupir, sans doute dû à l’agacement, ou à l’impatience en attendant que Léna réponde.

- Rebecca, Rebecca, Rebecca …Tu sais la vie est dure. Mais je suis heureuse que tu reconnaisses enfin que tu es une véritable pouf ! Allez sois pas triste, je voulais te le dire pour pas que tu te fasses trop d’illusions. Et puis tu sais, tes amis ne te l’auraient jamais dis en face ! …. Finalement tu as de la chance que je ne sois pas ton amie. Oh, j’allais oublier, les filles comme toi ne sont pas accepté à la table des Gryffondor ! Oui on a un peu la classe quand même, faudrait pas venir ternir tout cela ! Et puis, si tu pouvais t’en aller aussi car tu nous dérange beaucoup !

Comme toujours Léna restait la même, ce genre de provocation la caractérisait si bien. Difficile dans ces moments-là de se contenir, mais plutôt que de s’esclaffer de rire, un sourire sardonique et amusé ourlait ses lèvres. Curieusement Amber avait retrouvé sa bonne humeur habituelle grâce à elle.

- Taylor, franchement, tes paroles me font pitié ! Tu te crois supérieur … Ce qui montre finalement que tu es comme moi !

Amber haussa un sourcil. « Comme moi » mais McMillan était tombée sur la tête… Elles n’étaient pas du tout pareilles, Léna avait pour habitude de provoquer les gens, c’est vrai mais ça n’était jamais dans le but de faire du mal et de se faire détester.

[Hé ! Quoi encore ? Tu ne te sentirais pas observé par hasard ? T’es débile ou quoi ? Bien sur que je me sens observé, t’as la moitié de la salle qui nous regarde ! Je parlais pas de ça… Dans ce cas, de quoi tu…]

Levant doucement les yeux pour se faire remarquer le moins possible, Amber tourna ses mirettes vers une table, inutile de dire laquelle, ça n’était pas difficile à savoir. Il était là. Depuis quand exactement ? Elle ne le savait mais peu importe, Mathéo était là. Soit elle se faisait de films, soit c’était vrai, mais ce dont elle était pratiquement sûre c’est qu’il regardait dans leur direction. Dieu du ciel, comment ne pas rester indifférente à sa présence, c’était bien trop dur. C’était comme si elle venait de faire un arrêt sur image. Juste sur lui. Là, devant elle, plus loin presque en face à elle, se trouvait « lui ». C’est en ayant croisé le regard de Mathéo que suscita dans son esprit un mélange d’événements qui lui rappela de nouveau cette journée. Que pensait-il d’elle? Qu’elle était stupide? Idiote ? Indécise ? … Oui. C’était ce qu’elle était pour elle. Ce qu’elle pensait d’elle-même. L’image que l’on donnerait d’elle. Et lui. Bien qu’il pourrait désormais la répugner pour cela, elle le trouvait néanmoins toujours aussi attirant. Elle était charmée. C’était l’effet qu’il lui faisait. Elle sentait encore son parfum délicieux. Ce visage mystérieux qu'elle adorait tant caché par ses cheveux auburn, comme ces nuances mordorées que décorent les feuilles sur une allée d’automne. Et sans le savoir, elle était redevenu esclave, prisonnière de sa beauté et son pouvoir.
Entre eux deux cela ressemblait plutôt comme un chemin sans retour, comme un cœur sans amour. Comme cette dispute sans hausser le ton. Ce ciel monotone et gris. Chaque fois le ciel se couvrait de nuages, monotones et gris. Un véritable cercle vicieux régnait entre lui et elle. Et pourtant, cela laissait perplexe à la rouge et or que tout de ce qu’elle éprouvait pour lui ne partait. Elle restait captive .. Par ce charme exquis. Par son regard. Par Mathéo .

- Relax les filles, la journée a pas encore commencé... Déclara une voix qui sortit la Préfète de ses pensées.

Où était-elle déjà ? La Grande Salle. Et qui venait de parler ? William. Installé tranquillement en face des jeunes filles. Il prenait son jus de citrouille tout en avalant quelque chose avec. Amber haussa un sourcil. Qu'est-ce qu'il venait de prendre exactement ? Ayant été au courant su passé sombre du jeune homme, elle espérait que ce ne soit pas quelque chose de compromettant et décida de ne pas y prêter attention... pour le moment. Elle lui accorda juste un petit sourire et attendit que Léna réponde à la Serdaigle. Elle avait hâte de l'écouter.

Un éclat de rire fit sursauter Amber, c'était Ruth. Elle ne comprit pas vraiment pourquoi elle avait ri jusqu'à ce qu'elle adresse la parole à William.

- T'as raison, Willy, t'as raison mais que veux-tu? On est comme ça, on y peut rien!

La remarque de sa condisciple lui arracha un sourire amusé. Il est vrai qu'étant une fille, elle était bien placée pour savoir que les demoiselles étaient toujours douées pour des querelles sans queue ni tête. D'où venait ce gout pour le compliquer chez les filles d'ailleurs ? Les garçons étaient plus cool la plupart du temps, eux au moins ils ne se prenaient pas la tête pour des histoires d'amour ou presque enfin ça dépendait. Bref.
Amber crut soudainement rêvé lorsqu'elle vit Ruth s'avancer vers la table des Serpentards, d'une façon plutôt original d'ailleurs, plutôt que de faire tout un détour, elle s'était mise à les traverser en faisant des sauts d'obstacles, ce qui fit râler plusieurs élèves au passage, qu'elle ignora royalement. Entre temps Léna s'était également retiré, que lui était-il arrivé ? Et dire qu'elle était encore toute rayonnante juste avant et maintenant. Sans doute les paroles de la Serdaigle l'avait froissé... Amber l'avait regardé partir, légèrement attristée.

- Tu devrais bien te dépêcher avant que quelqu’un d’autre ne croise le chemin de Mathéo !

Rebecca, elle l'avait complètement oublié celle-là. Et c'était elle qui lui disait ça... Et elle croyait vraiment qu'en jetant un regard vers Ruth, elle allait lui faire peur... Amber n'eut pas le temps de lui répondre, elle était déjà partie pour un semblant de conquête.

[Je ne pense pas que Ruth soit comme ça de toute façon.]

Mais ce qui l'inquiétait maintenant, c'était ce que son amie était en train de dire à Mathéo. Tandis que cette dernière se mit à adresser la parole à Mathéo, Amber baissa rapidement le regard et se mit à vaquer à ses occupations, même si elle n'en avait pas vraiment pour ne pas dire pas du tout. Concentrée dans sa tasse de café qu'elle touillait nerveusement, sa tasse qui était d'ailleurs... vide. Ridicule vraiment.
La Préfète leva ensuite ses mirettes vers son voisin en face d'elle, William, occupé à boire son jus de citrouille et surement à digérer la pilule non-identifié qu'il avait pris juste avant. Et c'était quoi en plus ? Ça avait l'air de le détendre en tout cas.

Infime soupir. Quelle était donc cette sensation de vide total ? Elle s’énervait mentalement à chercher ce qu’il lui arrivait, s’exaspérant à ne pas savoir. Pourtant ça n’était pas difficile à comprendre, elle était juste tourmentée d’incertitude en imaginant ce que pouvait dire Ruth à Mathéo.
Elle observait du coin de l'œil ses moindres faits et gestes. Il mangeait une pomme, magnifique ! Il haussait les épaules. Bon sang, pourquoi ? Qu'est-ce qu'elle lui avait dit ? Il inspirait. Signe d'un éventuel agacement ou ... ? Et maintenant Mathéo parlait. Amber le voyait entrouvrir ses lèvres, ses lèvres... Ça y est voilà qu'elle s'égarait. Mais qu'est-ce qu'il lui disait ? Alerte ! Il regardait dans sa direction à présent, vite détourné le regard vers... la table. Son cerveau était dans un état d’ébullition qui frôlait l’explosion volcanique d'un moment à l'autre, elle ne tenait plus sur place. Et pourtant elle ne pouvait se résigner à quand même l'observer, discrètement, il était si beau...
Ses battements de cœur s’accéléraient de plus en plus, à ce rythme-là toute la salle finirait par les entendre. Respirant profondément, elle se mit à se servir une tasse de thé pour se calmer un peu. Puis levant de nouveau son regard vers William, elle eut envie de parler, pour laisser s’échapper ce surplus d’agitation dans son cœur :

- Toi au moins... débuta la Préfète en posant son coude sur la table pour poser sa tête sur sa main tout en remuant son thé avec l’autre main, tu n'as pas l’air de te compliquer la vie en te posant sans cesse tes tas, et des tas de questions Will...

Re soupir.

- Pourquoi suis-je donc irrémédiablement attiré par lui... ? murmura-t-elle ensuite presque pour elle même.

Attentions détournées, dans sa direction évidemment. Le contraire aurait été surprenant… Ne serait-ce que physiquement, William n’était pas du genre à passer inaperçu. Différentes réactions de la part de ces demoiselles, néanmoins. Amber au-nom-trop-long-pour-être-retenu, ou Amber la-préfète-des-Gryffondors, au choix, le regarda avec perplexité avant de lui sourire. Ruth Black fut la seule à lui répondre, et il apprécia son enthousiasme :

- T'as raison, Willy, t'as raison mais que veux-tu? On est comme ça, on y peut rien !

Il rit, et leva son verre de jus de citrouille dans sa direction, comme pour lui porter un toast. Il l’observa ensuite se diriger comme à vol d’oiseau (ou plutôt en piétinant les petits déjeuners des deux tables centrales) vers la table des Serpentards, ce qui semblait contredire son affirmation précédente, mais peu importait, de toute manière. L’atmosphère semblait se détendre, et Ruth y était sans doute pour beaucoup, avec son entrain perpétuel, et ses cheveux qui suivaient ses mouvements, tiens ? L’antidépresseur commençait son effet, il commençait à délirer sur des détails.

Sa copine Léna, elle, n’avait plus dit un mot, comme si les paroles de Rebecca McMillan l’avaient refroidie, à moins qu’elle n’adopte cette technique consistant à ignorer son adversaire jusqu’à ce qu’il se lasse ? Quoi qu’il en soit, elle finit par quitter la table à son tour. Puis à quitter la Grande Salle.

McMillan, justement, dont les formes parfaites avaient donné lieu à un grand débat dans leur dortoir la veille au soir (thème : « Est-il possible d’être un pur canon et d’avoir un avenir professionnel ? »). Elle le toisa littéralement, d’un air assez dégoutté qui ne l’affecta pas (réaction habituelle face à un junkie, après tout, bien que dans le cas présent il soit plus ou moins clean), et il la regarda leur tourner le dos en se grattant consciencieusement l’avant-bras, exhibant inconsciemment ses « blessures de guerre ». La Serdaigle, contrairement aux apparences, se montra théâtrale, se retournant à l’ultime instant, peut-être calculé, où elle était encore suffisamment à portée de voix des deux Gryffondors restés sur place… Envol de cheveux. Oui, les jeunots de son dortoir avaient raison : elle était le prototype de la cheerleader moldue, ce genre de filles belles et soignées qui se veulent inaccessibles, et ne visent que le top esthétique du mâle. L’aspect esthétique comme moteur de leur vie… Un choix comme un autre, après tout. C’était son problème, William était loin d’être un donneur de leçon, étant loin d’être un exemple lui-même…

- Tu devrais bien te dépêcher avant que quelqu’un d’autre ne croise le chemin de Mathéo !

Elle désignait la table des Serpentards, et plus précisément Ruth et un type avec qui elle parlait. Le Mathéo évoqué ? William haussa les épaules dans un geste inconscient, répondant ainsi à sa question mentale par un « je m’en fous » physique, et se beurra un toast. La Serdaigle était partie, cette fois-ci, et il se retrouva seul face à la préfète. Il lui sourit d’un air décontracté. Si les filles étaient pestes entre elles, l’un des rôles des garçons devait sans doute être de détendre leur atmosphère… Et justement, William se sentait on ne peut plus cool et déstressé… Ô Prozac, merci d’exister pour faire planer ma matinée.

Justement, Amber semblait en avoir bien besoin. Il l’observait s’agiter d’un air absent, planant trop pour faire seul le lien entre le Mathéo en question, Ruth, la fille en face d’elle, et la Serdaigle qui venait de les quitter. Il la trouvait étrange, c’en était presque émouvant. Elle avait des yeux bizarres, non ? Ambre. Amber. Ah oui, tiens…

- Toi au moins...

Qui donc ? William ? Ah oui, elle le regardait, et il n’y avait personne d’autre. Concentration intense.

- Tu n'as pas l’air de te compliquer la vie en te posant sans cesse des tas, et des tas de questions Will...

Certes. Il lui fit un grand sourire, hochant lentement la tête, comme pour approuver cette définition qui le caractérisait parfaitement. En même temps, pour se poser des questions… Encore faut-il être en mesure de réfléchir. Amber réfléchissait sûrement trop d’ailleurs, vu son air abattu. Ces questions méritaient-elles donc qu’on leur accorde sa bonne humeur ? C’était insensé.

- Pourquoi suis-je irrémédiablement attirée par lui... ?

Lui parlait-elle encore ? Dans le doute, il décida que oui. Analyse de ses paroles, mise en lien avec le contexte. Exercice difficile, nécessité d’atterrir quelque peu, il croqua dans son toast. Lui = Mathéo = le type de la table des Serpentards = allusion provocatrice de Rebecca, qu’elle soit fondée ou non. Du moins, voilà les seuls éléments dont il disposait…

- Tu veux parler du Serpentard qui cause avec Ruth ? Dit-il en les désignant du pouce. Qu’est-ce qui t’empêche de lui dire qu’il te plait ?

Il mordit une fois de plus dans son toast. Evidemment, il n’envisageait les relations humaines que de ce point de vue basique à l’extrême… Simplicité. Sincérité. Prendre ce qu’on nous offre, offrir ce que l’on souhaite, sans se forcer… Selon lui, les gens avaient vraiment, vraiment tendance à tout compliquer.

Il riait. Amber l’avait si rarement vu rire… Comme elle aurait aimé que ce soit elle qui le fasse rire. Malheureusement pour elle à chaque fois qu’ils s’étaient retrouvés ensemble ça ne se finissait jamais gaiement. Mathéo devait surement plus l’exaspérer qu’autre chose…

- Tu veux parler du Serpentard qui cause avec Ruth ? Déclara soudainement William en désignant du pouce sa condisciple et Mathéo. Qu’est-ce qui t’empêche de lui dire qu’il te plait ?

Levant la tête promptement vers William, elle le dévisagea, en ayant lâché maladroitement sa cuillère. Ces joues furent plus rouges qu’une pivoine. Cette érubescence s’accordant parfaitement aux couleurs de ce soleil rougeoyant qui brillait à l’extérieur. C’était un moment où elle ne sut quoi penser ni quoi dire. En effet rien ne l’en empêchait mais il y avait cette obstacle en elle qui la rebutait. Elle avait toujours ce mal en elle quand il s’agissait d’amour. Soit elle ne pouvait se l’avouer, soit elle n’était pas prête à aimer réellement. Du temps, il lui fallait du temps. Amber s’était fait avoir une fois, ça l’avait si profondément brisé et elle ne voulait pas que ça recommence à nouveau. Est-ce pour cela qu’elle ne disait rien ? Qu’elle gardait en elle ce sentiment indescriptible et indomptable qui la rongeait depuis qu’elle s’était intéressée à Mathéo. Peut-être que la jeune fille ne voulait pas être déçue de nouveau, et qu’elle désirait seulement continuer comme cela et ne pas s’enliser dans une relation qui ne marcherait jamais. Car elle en était consciente, entre eux deux il n’y avait rien qui pourrait les lier pour bien longtemps.

Son choix était fortement difficile. Elle ne savait réellement ce qui pouvait bien existé comme lien entre lui et elle. Si Mathéo était l’homme d’une vie ou d’une passade passionnelle. Et si l’amour n’était pas pour elle … Qu’elle ne pouvait le connaitre par le simple fait qu’elle se savait si indécise, alors il n’y aurait donc jamais de « celui » et de « celle ». Si différent à l’extérieur comme à l’intérieur. Que même si l’on pensait à la survenance d’une innocente union et qu’elle devrait normalement former une parfaite association - car ce n‘est pas ce que l‘on dit : « Il faut se ressembler un peu pour se comprendre, mais il faut être un peu différent pour s'aimer » ? - c’était impossible que ça marche avec lui.

Ils semblaient à tel point opposés qu’il était difficile pour elle d’imaginer si cela pouvait ressembler à plus qu’une simple et discrète relation. Basée sur des regards fugitifs. Des paroles sous un ton de voix dont le calme apprêté pouvait cacher la plus violente colère. Et si tout ce qui s’était passé n’était en fait qu’une illusion. Un juste rêve faussement idyllique qui passait, fugace entre lui et elle. Alors, répondre à cette question plus qu’irréfutable semblerait un obstacle.

Alors, la rouge et or, pour ne point briser le fragile fil qui se tenait entre elle et Mathéo, se contentait des simples secondes d’échange de regards, de ces quelques mots prononcés. Peu importait qu’ils furent brefs et courts… L’important était qu’elle le voyait. Qu’elle saisissait encore les brides de sa voix qui parlaient au loin. A distance ou tout près. Et pour ne point briser ce silence d’extase discret, elle ne disait rien. Laissant son visage dévoiler le plus faux des sourires, dans une tristesse plus que croissante. Elle portait une grande douleur muette qui paraissait l’envahir tout entière. Au milieu de cette indifférence, de cette solitude sans borne où elle se voyait tomber près de lui. Il était bien toujours là, mais de l’autre côté, et elle pouvait le sentir loin, là-bas, plus loin encore, dans l’infini inaccessible de l’art. Si loin que jamais plus elle ne penserait pouvoir le rejoindre.

Le seul fait qu’on lui dise d’aller lui parler pour employer ce qu’elle s’interdit de dire ou de sous-entendre était malencontreusement embarrassant. Elle ne pouvait lui parler rien que pour ça. Pour lui dire quoi? « On se parle peut être plus souvent ou ça à l’air de ne pas coller mais sache que tu me plais vraiment... » … Non. Déjà la fois dernière il n’avait pas compris, en même temps elle ne l’avait pas clairement dit, mais même, à quoi bon. Elle se taisait et continuait - sans souffler mot -de boire le calice jusqu’à la lie. D’endurer jusqu'au bout cette sensation extrêmement pénible, c’est-à-dire pour Amber, ne pas lui parler et souffrir dans un silence ineffable et presque absolu.

Et maintenant, que devait-elle lui répondre ? Le pauvre Gryffondor, elle était restée silencieuse durant une durée indéterminée, ce qui avait dû placer un blanc assez conséquent. Mais enfin elle se décida à entrouvrir ses lèvres pour prendre la parole :

- Tu crois que je vais lui dire qu’il me plait alors que c’est prendre à risque de se voir rejeter honteusement ou de se voir prendre le plus monumentale des vents? Tu crois que recevoir l’averse alors que l’on souffre ce n’est pas assez? Non je ne lui dirais pas et même si j’ai envie je ne le ferai pas. Ce n’est pas facile d’avouer qu’on éprouve un sentiment igné envers une personne. Peut-être pour toi… Mais dire que quelqu‘un nous plait, non. Je préférerais dire que j’aime. Mais loin de là, je n’aime personne.

[C’est ce que t’essaye de te convaincre… En vain. Je sais…]

Si c’était se mentir à elle-même, elle en souffrirait davantage. Mais pour ne point soulever le doute dans ses propos, elle se devait de minimiser ces mots et éviter de répandre son courroux pouvant dévoiler bien plus de choses qu’elle ne penserait en cacher. Quelque chose qu’elle ne saurait elle-même pas et qui susciterai une révélation involontaire.

Long soupir.

- Je voudrai seulement… qu’il me voit comme quelqu’un de spécial.

[Par exemple, je ne veux pas qu’il me voit comme il a dû voir Rebecca.]

C’est alors qu’elle se rendit compte qu’elle était en train de parler à William. William, Gryffondor de septième année, courageux pour avoir rejoint l’école après deux ans de perdition dans un monde ténébreux mais peut-être pas assez présent pour saisir un mot de la jeune fille. Il n’avait surement pas du comprendre les trois quart de ce qu’elle avait dit. Surtout quand on le regardait, on voyait bien qu’il commençait à entrer dans un état second. Peut-être qu’il ne l’avait même pas écouté, Amber ne put s’empêcher de retenir un petit rire cristallin.

- Excuse-moi, j’ai dû t’endormir avec mon discours, claironna la Préfète en riant doucement.