L'instant avait été mal choisi, mais elle avait déjà fait irruption, et ne pouvait que constater. Les deux professeurs semblaient entretenir une étrange relation trop intime. Et comme si cela n'était pas suffisant, la directrice de serdaigle ne put retenir ses pulsions, si bien qu'elle répondit ouvertement au directeur de sa maison.

-Cher ami, si par cette proposition, vous sous-entendez celle de fermer les rideaux ainsi que la porte pour avoir un plus d'intimité et ainsi que profiter de ce long voyage de façon plus extravagante ...

*WOUHOU. J'suis là putain.*

Quelle scène horrible et déplaisante. Une gêne étrange et subite se fit soudainement ressentir, et elle regrettait même la situation du wagon beaucoup moins déplaisante. Elle qui avait osé songer à une échappatoire c'était manifestement trompée. Elle était seule, face à ses deux professeurs à priori en manque, et cette situation ne semblait pas vouloir s'arrêter en si bon chemin.

...et productif, j'aurais très certainement accepté. Mais comme vous le voyez, nous avons de la visite, alors, sortez plutôt cette bouteille pour fêter nos nouveaux -ou presque- préfets, cela me semble nettement plus poli. Venez donc, Miss Diland, vous n'allez pas faire le reste du voyage débout tout de même?!

Soulagement. L'atmosphère se détendit un peu plus, et sans broncher, Summer se rendit aux côtés de la professeur, ne quittant pas du regard les deux adultes aux pulsions un peu trop ... publiques, histoire de bien leur faire imprimer qu'elle était LA.

-Bonjour. J'arrive au mauvais moment? Je peux me joindre a vous?

Cauchemar réel. Alice était de retour, et c'était sans aucun doute qu'elle rejoindrait ce wagon très prochainement pour récupérer son insigne de préfète. Mais en plus de ça, cette fille détestable de serdaigle avait été nommée préfète. Par conséquent, ce wagon devenait encore plus insupportable que celui qu'elle avait tant souhaité quitter rapidement. Des regrets. Comparé à la scène d'avant, celle-ci était encore plus dure et complexe. A côté, Aaron et Mathéo faisaient tâches.
Évitant le regard de la serdaigle, elle souhaitait que cette réunion passe vite.

Tout le monde était enfin réuni, Alice se trouvait également entre ses murs. Elle luttait contre l'envie irrépressible de la regarder, de la dévisager, elle avait tant changer, et pourtant, elle était toujours la même ... Effrayante.

- Des questions ?

*Je peux partir?*

- Cette question survient généralement en fin de réunion, Monsieur Mogg.

Un air glacé régnait dans le wagon, si bien que Summer ne savait plus quoi faire, restant de marbre par crainte de n'envenimer plus les choses. Tout était si donc mal en point ?
Elle ne la regardait pas, mais elle sentait ce regard, ce regard méprisant et lourd qui lui donnait des frissons dans le dos. Une pulsion, qui lui susurrait de se jeter sur elle, ou de simplement partir. Une pulsion interdite, qui se voyait sombrer dans l'ombre par un refus catégorique.

Un brouhaha exemplaire se fit soudain ouïr, laissant un voile d'espérance, rappelant tout le monde à la réalité ennuyeuse, avant que le professeur spudding ne se jette sur la porte afin de l'ouvrir et de partir précipitamment, tandis que le reste du wagon s'afféraient derrière lui. Une opportunité qui ne pouvait être ignorée, et de toute façon, la réunion touchait à sa fin, ayant été rapidement écourtée. Quittant le wagon avec ambition, ne plus sentir ses regards malsains sur elle, lui redonnait vie. Elle avait presque eu la sensation d'être claustrophobe, seulement durant la réunion, et pourtant, tout avait été si réel.

Dévalant dans le couloir, elle souhaitait étendre le plus de distance entre Alice et elle, Abby et elle, ces monstres et elle. Regardant furtivement par la fenêtre, le train semblait ralentir, et annonçait donc l'arrivée prochaine. Précipitée, elle manqua de tomber dans l'allée quand elle aperçut Athalie au loin, à l'extérieur du wagon, visiblement agacée. De l'air, elle voulait à tout prix être sur le quai et inhaler de l'oxygène pur.

Se dirigeant rapidement vers la serpentard, elle était presque heureuse de la voir, sentiment contradictoire étant donné au'elle venait juste de la quitter. Mais la jeune fille ressemblait tant à autre chose qu'un cauchemar. S'apprêtant à ouvrir la porte du compartiment, elle lui adressa un regard scintillant qui exprimait de l'espoir. Ouvrant brutalement le compartiment, Aaron et Mathéo se trouvaient encore face à face, et leur adressant un regard désespéré, elle s’appropria sa valise ainsi que celle de la serpentard. Ses ressentis étaient incompréhensibles, de la haine, des regrets, de la compassion et même des reproches personnels. Elle avait peut être réagit trop brusquement face à la réaction d'Aaron, mais au fond, c'était peut être la bonne attitude à adopter.

Saisissant la main d'Aaron, elle l'obligea à se lever, le trouvant légèrement trop endormi, et fit de même avec Mathéo, les incitant ainsi à les suivre dans leur direction.

- Allez les enfants on dég.... Euh on s'en va.

Grossière, elle se surprenait à l'être. Elle était énervée au fond d'elle, de cette journée désastreuse, et elle espérait que Pré au lard serait moins méprisable.
La valise dans la main, elle entraîna Athalie avec elle sans qu'elle ne puisse s'imposer, laissant les garçons seuls qui sans doute les rejoindraient dans les minutes suivantes sur le quai. Elle voulait sortir de ce train sombre et aux allures cauchemardesques.

Son corps avait fini par rendre les armes devant le flot de paroles incessant, à vrai dire ses préfets semblaient plus attentifs que lui, tête avachie sur une main engourdie. S'il avait pu trouver Marina attirante un jour, c'en était catégoriquement fini, elle lui rappelait de très mauvais souvenirs, comme ce gosse qui prétendait être le sien. En bref, Mogg n'était pas clément en ce qui concernait les femmes du genre de Lauréana : bavardes, porteuses de problèmes et surtout... chiantes.

Quelque chose lui fit détourner le regard en direction de la porte du wagon, sans pour autant le réveiller complètement. Un bruit anormal venait d'agiter ses collègues et leurs préfets, et il n'eut pas le temps d'esquisser un geste pour s'informer de l'origine du remue-méninges qu'Alice profitait de cet instant en autarcie pour lui confier ses tourments.

- C'est pas un rêve, cette fois-ci, n'est-ce pas ? Je devenais folle dans ce monde où tu n'existais pas... Je n'attends rien de toi, je sais très bien que c'est hors de propos, ça l'a toujours été. Je... Tu, enfin...

Lucifer serra sa main, un peu trop fort peut-être pour que se soit un geste rassurant, mais l'intention était là. Elle était devenue folle... Il lui semblait qu'elle l'avait toujours été, ou peut-être se disait-il cela pour se déculpabiliser. Elle se rapprochait, toujours plus près, et il avait envie d'elle... tellement.

- Si tu pars, cette fois, c'est moi qui te tuerai.

- Ça me convient , intima-t-il du même ton que celui d'Alice.

Mais il s'éclipsa, presque fuyant, vers une réalité plus proche que celle de sa future mort, qu'il avait déjà expérimenté. Le professeur Spudding emboîtait déjà le pas des troubles-fêtes, tandis que le Poudlard Express perdait de l'élan. Déjà...
Un coup d’œil en arrière, presque angoissé, et il étreignait Alice une dernière fois avant qu'ils ne s'éloignent pour quelques conventions sociales particulièrement contraignantes et douloureuses pour eux deux.

- Je suis là, maintenant. Pour toujours, prit-il le temps de lui murmurer avant de s'éloigner paradoxalement d'Alice.

Il retrouva vite les coupables de l'agitation, qui n'avaient pas pu aller très loin avec Spudding dans les parages. Mogg leva les yeux au plafond, découvrant avec horreur les délices d'un bon retour aux vieilles habitudes : Tudor et Tintagel. Pourquoi ne les avait-il pas occulté ces deux-là ? Un élève pouffsoufle, l'autre serpentard, il espérait qu'ils tomberaient d'accord avec l'autre directeur pour ne pas leur enlever des points dès la rentrée, ce qui pénaliserait leurs Maisons respectives. Mais attendez... Cela voulait dire que Lucifer était de nouveau dans la course ? Oh oui, fin prêt à toutes les entraves pour combler ses désirs, dont cette gloire superficielle qu'est la Coupe des Quatre Maisons.

- P-professeur... commença une élève Serdaigle, qui s’éclaircit la voix en baissant les yeux devant Spudding. Laszlò n'y est pour rien, j'ai produit la détonation. J'ai utilisé ma baguette, oui, et je le regrette profondément.

Pathétique. Il n'y croyait pas une seconde... Mais il s'en fichait, tant qu'elle désacralisait la Maison de Mackenzy, et non la sienne – Tudor se montrait finalement bien plus malin qu'il ne le pensait.

- Il n'y a que les coupables qui prennent la fuite, Miss de Harcourt, lança-t-il en fixant Tibus Tintagel avec mépris – qui lui détourna le regard immédiatement.

- L'impatience de rejoindre Pouldlard ? s'empressa-t-elle de justifier avec un sourire plein d'espoir.

D'un haussement d'épaule très subjectif, il indiqua à Spudding que ce ne serrait pas lui qui prendrait les mesures. Car la fille venait de le dégoûter royalement du plaisir de sanctionner, avec sa mièvre face d'elfe-groupie. Quoique... Il ressentait subitement le besoin de marquer de nouveau sa présence dans la hiérarchie, sûrement pour défier le flic.

*Contrôle-toi. Contrôle-toi. Contrôle-toi.*

- Vous êtes tous les trois confinés dans vos salles communes ce soir, pas de Répartition, ni de Festin.

*C'est tout ?*

- Quant à vous Tudor, vous êtes suspendu au Quidditch jusqu'à nouvel ordre.

Laszlò était devenu indispensable pour l'équipe Serpentarde s'ils voulaient avoir une chance de gagner le championnat cette année, mais si jamais Alice comptait reprendre ses activités extra-scolaires – hormis leurs rendez-vous nocturnes – il lui en donnait l'occasion.

Lorsqu'il ignora les protestations des élèves punis, en sortant dans l'air frais d'une fin d'après-midi d'été (en mode Francis Cabrel, sorcier encore trop peu reconnu aujourd'hui), Mogg se sentit presque comblé de retrouver tous ses repères, le principal étant Alice bien entendu. Le château était inchangé depuis... Depuis cette nuit... Plusieurs sentiments contradictoires le tiraillaient, comme si se sentir heureux était devenu beaucoup trop simple pour lui, et qu'une douleur permanente et nécessaire le tenait dans ses convictions : toujours se méfier du bonheur, car il ne dure jamais, surtout lorsqu'Alice n'est pas là.(j'avais prévenu pour Cabrel, non?)

- Ça me convient.

Leurs regards insanes se fondaient l'un dans l'autre, hurlant leur guerre latente, et pourtant Alice était assez folle pour y lire un improbable amour inconditionnel. Comme une promesse, tandis que ses doigts continuaient de broyer sa main arachnéenne, comme s'ils étaient contraints à se détruire pour se permettre d'exister ensemble. Qu'importait, car c'était terriblement bon de se retrouver brisé. N'est-ce pas...?

Quelques instants de grâce malsaine, qu'il rompit comme bien souvent. Mais à contrecoeur cette fois, semblait-il... Une dernière étreinte, indifférente à qui se trouvait encore ou pas dans le wagon - Diable, les autres existaient-ils vraiment, à la fin ? - brève, mais qu'elle se surpris à ne pas trouver froide. But they need some passion inside...

- Je suis là, maintenant. Pour toujours.

Sourire amer, adressé à son dos qui s'éloignait déjà. Sourire brisé, et chaque parcelle de peau qu'il avait effleuré la brûlait. Il était là... comme pour s'en assurer, elle jeta un coup d'oeil machinal à la minuscule boussole qui ne la quittait jamais. Le train venait de s'arrêter, et déjà se déversait le flot d'élèves et de profs. Il lui semblait qu'on lui avait intimé de descendre - Lauréana peut-être - mais elle demeurait assise dans le compartiment désormais vide, le reluquant brièvement à travers la vitre. Quelques secondes, le temps qu'il disparaisse.

Soupir. Qu'elle appréhendait de se mêler à la foule de ceux qui se prétendaient ses "semblables"...

*Depuis quand tu t'occupes des règles à suivre...?*

Certes. Consciente des probables réprimandes à venir si ça venait à s'apprendre, elle transplana directement devant le portail de l'école, arrivant avant les diligences.