- Avez-vous... des questions ?

Léopold n'eut pas l'occasion d'écouter ce que disait la fille devant lui : Taylor se leva de sa chaise comme une furie... Ses dents de devant touchant désormais son menton.

- Expulso ! Cria-t-elle à son attention.

- Protego ! se défendit le garçon, qui s'attendait à une telle attaque.

Il ricana tandis que la jeune fille se précipitait hors de la salle.

*Et j'en ai pas fini avec toi, crétine décérébrée...*

Léo calma sa joie, et reporta son attention sur le professeur qu'il vénérait déjà, un air d'excuse sur le visage.

Presque immédiatement un Gryffondor leva la main :

- Qu'est-ce qui arrive au sorcier lorsque celui-ci loupe sa transformation en animal ?

A peine eut-elle fini de poser sa question qu'une voix retentit vers le fond de la classe.

- Expulso !

- Protego ! rétorqua un élève à l'allure étrange.

Marius tourna les yeux d'un air intrigué dans la direction de Léna Taylor, l'observant sortir précipitamment de la salle de classe. Un sourire carnassier s'étalait sur ses lèvres.
Il n'eut pas le temps de féliciter le Serdaigle, un nouvel élève fit son entrée en cours de Métamorphose...

- Bonjour ! Excusez moi de mon retard! Cela n'arrivera plus à l'avenir.

Figé sur l'estrade, le professeur affichait une expression de fureur. Il tourna le dos aux élèves et se prit la tête dans les mains pour calmer sa tension. Puis subitement, d'une voix calme, forcée, il répondit à la question de la Gryffondor :

- Etre un Animagus est un don inné chez un sorcier. On peut bien sur l'apprendre, mais c'est extrêmement complexe et long. Un sorcier qui essaye de se transformer alors qu'il n'est pas encore préparé peut malencontreusement se retrouver avec des oreilles de lapin sur sa tête ou une queue de renard sur son postérieur.

Son sourire carnassier refit surface lorsqu'un certain Ludwig Schwartz leva la main à son tour :

- Ludwig ?

Hermia était là depuis longtemps, assise tout devant en train d'écrire toutes les informations sur les Animagus, elle avait écrit cinq ou six phrases, le reste du cours elle s'était amusée à dessiner son petit chat dans toutes ses poses tout en écoutant le professeur.
La rouge et or avait vu beaucoup de personnes arriver en retard comme un Poufsouffle qui était arrivé en chantant et en dansant, une autre Poufsouffle à qui le professeur avait enlevé des points et tout plein d'autre. Il y eut même une mini bataille entre un Serdaigle et Léna qui sortait de la salle.
Bref, mais Hermia continuait de dessiner et d'écouter... elle n'était pas très douée pour cette matière mais elle était discrète pour ne pas se faire voir par le nouveau professeur.

- Quelles
sont les étapes ou prrrocédés qui perrrmettent de devenirrr animagi ?
Et est-ce que le sorrrcier qui veux en devenirrr un doit disposer de
qualités parrrticulièrrre ? demanda un Serdaigle que le professeur paraissait connaître.

Comme à chaque cours, elle jetait un petit coup d’œil à la table où était assise sa sœur et poussa un petit soupir avant de poser son crayon et attendre la réponse du professeur.

Alice le vit avec stupéfaction refouler totalement Ludwig...

- Une autre question ?...

*Voilà qui ne va pas lui plaire...*

Elle lança un regard à son collègue de l'Est [XD], mais revint brutalement face au tableau suite à un bruit peu discret : celui d'affaires que l'on jetait sans ménagement dans un sac, indiquant la fin du cours. La Serpy haussa un sourcil perplexe.

*Déjà ? On ne peut pas dire que c'était approfondi...*

- Von Gotha. Restez assise jusqu'à la sonnerie.

Elle lui jeta un regard noir. Elle n'avait même pas esquissé le moindre mouvement de repli alors que presque toute la classe était déjà debout...

*Soit il a décidé de m'em*rder, soit il compte me "parler" de notre... rencontre.*

Aucune des deux options ne la ravissait à proprement parler... Alice décida donc d'avoir un reste de supériorité sur ce gros bonhome antipathique. Provocante, elle balança ses affaires dans son sac et posa les pieds sur sa table, se balançant sur sa chaise en regardant les premiers de ses camarades qui quittaient le cours, soulagés - ignorant le regard appréciateur d'Abercrombie sur ses jambes.

- Au plaisir de te revoir, j'espère que ça ira pour toi... Au fait, moi c'est Amber.

Alice était trop énervée pour s'étonner des sympathiques paroles de la Gryffondor - elle s'en soucierait plus tard. Elle attendit que les élèves sortent en se balançant sur sa chaise, les bras croisés sur sa poitrine, fixant Sheffield d'un regard noir. Et le silence finit par s'installer, presque aussitôt troublé par le professeur de métamorphose.

- Je vous ai dit de rester assise, il me semble, et non pas avachie comme un Fangieux...

*Qui vous a dit que je comptais vous obéir à la lettre ? Ne me faites pas perdre mon temps, pitié...*

Sa seule satisfaction fut de constater qu'il avait l'air aussi heureux qu'elle de se retrouver en tête à tête dans la même pièce. Alice se demandait bien ce qu'il pouvait lui vouloir... La pourrir par rapport à ce qu'il se passait entre elle et Lucifer ? Enfin, si tant est que quelque chose se passait, finalement... Sheffield la sortit brusquement de ses pensées subitement tournées vers un terrain miné.

- J'ai une information à vous faire
transmettre... Votre père, le noble Duc Von Gotha à qui vous faites de
l'ombre, se trouve actuellement en Angleterre. Pas pour longtemps.

A cette nouvelle, Alice ôta ses jambes de la table et remit sa chaise sur ses quatre pieds, oubliant de retenir l'expression étonnée que prit soudain son visage. Elle adorait son père, et ne comprenait pas pourquoi il ne l'avait pas avertie lui-même...

- Comment cela ? Mais... Pourquoi êtes-vous au courant de ses agissements ?

*Qui êtes-vous, Monsieur Sheffield ?...*

Quelque chose lui échappait, vraisemblablement...

Très calme, Sheffield se contenta d'éluder, un petit sourire insupportable aux lèvres. Alice fronça les sourcils, sentant la colère la gagner vraiment...

- On va faire un petit marché, rien que tous les deux.

Sa voix était particulièrement inquiétante... Ne comprenant pas où il voulait en venir, Alice se retint de quitter la pièce et le laissa finir.

- Je vais essayer de faire simple : éloignez-vous de Lucifer et je ne révèlerai pas la relation secrète que vous cherchez à entretenir avec lui à votre cher père.

La jeune fille blêmit, et se mit à réfléchir à toute vitesse, ignorant les battements subitement frénétiques de son coeur... Plusieurs options se présentaient à elle, mais elle manquait d'éléments pour bien choisir... Etait-ce son initiative ou une demande de Lucifer ? Etait-ce du bluff ? Qu'est-ce qu'il en tirait... ?

Ses réflexions ne durèrent pas plus d'une seconde. Elle choisit de se lever d'un air hautain et moqueur, et mis son sac sur son épaule.

- Vous n'avez pas l'air de très bien connaître mon père, en tout cas. Je sais que Lucifer est votre ami. Ne l'envoyez pas à une mort prématurée...

*Et il sait très bien s'éloigner seul, d'ordinaire...*

La jeune fille eut un éclat de rire angoissant inadapté, et se dirigea vers la porte d'un pas décontracté. La main sur la poignée, un sourire inquiétant se dessina sur ses lèvres, et elle se tourna vers son professeur.

- Je vous conseille d'éviter de me refaire ce genre de propositions. Qui sait ce que je pourrais révéler à mon père...

*Par exemple qu'un certain Sheffield a essayé de toucher sa fille...*

Le toisant quelques instants d'un regard narquois, Alice appuya sur la poignée.

... La porte ne bougea pas. Alice s'efforça de contrôler son angoisse soudaine - être enfermée dans la même pièce que cet homme inquiétant n'avait rien de rassurant - et poussa un soupir, une expression agacée sur le visage, tandis qu'elle se retournait lentement vers son bourreau psychologique.

- Si vous appréciez tant Lucifer,
Mademoiselle, vous le lâcheriez, pour qu'il puisse se concentrer
pleinement sur son... devoir. Alors, et seulement si vous vous éloignez,
il pourrait peut-être avoir une chance de survivre à ce qui l'attend.

Ça n'avait aucun sens. En quoi elle l'empêchait d'accomplir ses missions de Mangemort ?... Elle se rendit compte d'une chose, toutefois... Sheffield venait de lui avouer indirectement qu'il faisait partie du groupe de mages noirs. Intéressant à garder en tête...

- Apprenez, Monsieur, que j'ai déjà essayé.

Elle repensa à l'épisode du médaillon, et aux déclarations vaseuses de Lucifer. "Je veux seulement que tu m'aimes." De quoi se mêlait ce type ? De toute évidence, il agissait dans le dos de son soi-disant "ami"...

- Peut-être serez-vous surpris d'apprendre qu'Il ne m'a pas laissée faire.

*Même s'il est possible que ce ne soit que par égoïsme.*

La jeune fille croisa les bras d'un air agacé, toisant quelques instant cet homme qui semblait plein de rancoeur pour elle.

- Je voudrais m'en aller, maintenant, si ce n'est pas trop vous demander. A moins que ce... tête-à-tête vous soit si agréable que vous envisagiez de le prolonger.

- Apprenez, Monsieur, que j'ai déjà essayé.

*Ouais... essayer sans persister.*

- Peut-être serez-vous surpris d'apprendre qu'Il ne m'a pas laissée faire.

*Il n'allait sûrement pas te laisser partir, maintenant que tu connais des choses sur lui... Crétine.*

- Je voudrais m'en aller, maintenant, si ce n'est pas trop vous demander. A moins que ce... tête-à-tête vous soit si agréable que vous envisagiez de le prolonger.

Le croisement de bras de l'adolescente signifiait clairement son impatience de sortir, Marius n'y voyait pas d'inconvénients, à part son agacement envers le ton qu'employait la jeune fille. Certes elle était noble, mais ça ne l'autorisait pas pour autant à s'adresser d'un telle façon à l'honorable et avide de pouvoir Marius Sheffield.

*Alohomora...*

Ce qu'il avait vu dans les pensées de son ami était bien plus qu'une simple affection passagère, amicale, ou cordiale pour ne pas se la mettre à dos. Un sentiment bien plus profond, caché dans les méandres du coeur : de l'amour, quelque chose qu'il n'avait jamais ressenti pour une autre femme que sa mère. Lui même ne ressentait pas ça pour sa propre épouse, enceinte de lui depuis son arrivée à Londres. Marius ne voulait pas en parler à Lucifer... Une vraie tête brûlée quand il s'agissait de parler de sa vie personelle, c'est pour ça que le professeur de Métamorphose avait pris la mauvaise habitude de lire les pensées de son ami, le considérant comme un frère... ou un rival.

- Je vous aurais prévenu... murmura-t-il en se détournant d'Alice Von Gotha et en se levant pour sortir lui aussi de cette classe beaucoup trop chaleureuse pour ses pensées noires.